Rencontre avec les maires et Cissé Bacongo : « La liste des 176 Zones à risque comporte des zones qui ne sont plus à risque notamment Anono » (Cissé Bacongo)... « Le ministre gouverneur que je suis n’ira jamais sur un terrain qui n´est pas le sien et il n´y aura jamais de conflit entre nous » (Bacongo). Voir le lien : https://abidjan.district.ci/fichiers/LISTES-DES-ZONES-A-RISQUES-Synthese.pdf   ◊    « Les sites à risques ne sont pas des sites à déguerpir, à démolir, il s´agit des sites sur lesquels se trouvent un risque d’inondation, d´éboulement(...) Il s´agit de régler des soucis sur ces sites» (Cissé Bacongo)… Côte d’Ivoire/Projet d´Aménagement des Quartiers Restructurés d´Abidjan (PAQRA): « Aucun décaissement n’a été fait depuis deux ans que les accords ont été signés » ( Conseil des Ministres). Voir le lien : https://abidjan.district.ci/fichiers/LISTES-DES-ZONES-A-RISQUES-Synthese.pdf    ◊   
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INFRASTRUCTURE: Reportage / Akouai Santé, Akandjé, Adjin, Adjamé Bingerville, Mbatto-Bouaké, Bregbo, Akouai Agban, Anan Le bitume du bonheur

 

Jeudi 8 février. Esplanade de l’hôtel du district d’Abidjan. J’embarque à bord d’un car climatisé en direction de la sous-préfecture de Bingerville. Je fais partie des privilégiés qui ont la chance de visiter les voies des villages de cette localité située à un jet de pierre d’Abidjan qui ont été bitumées. Cela, dans le cadre de la politique de désenclavement des villages de trois communes-sous-préfecture (Anyama, Bingerville, Songon) pensée par le chef de l’Etat et mise en œuvre par le gouverneur Mambé.

 

Je suis donc dans le véhicule affrété spécialement aux journalistes. Notre périple commence par une petite incompréhension qui a le don de faire monter un tant soit peu le mercure. De fait, les éléments des forces de l’ordre chargée d’assurer la sécurité refusent qu’en cours de route, nous marquions un arrêt pour prendre deux de nos confrères qui attendaient juste après le feu tricolore de Cap Nord, au motif bien compréhensible du reste que nous sommes dans un cortège. Les échanges aigres-doux sont bien vite clos.

 

Une vingtaine de minutes plus tard, nous voici dans l’ancienne capitale de la Côte d’Ivoire. Je suis saisi d’une forte émotion. C’est toujours le cas quand je mets les pieds à Bingerville. C’est dans cette cité que j’ai fait mes humanités, précisément au lycée des garçons de Bingerville où j’ai passé sept ans, de la sixième à la terminale. Sept ans au bout desquels, j’ai brillamment décroché le baccalauréat A4 lettres-philosophie. En passant devant mon ancien établissement, qui est resté en moi comme une écharde dans la blessure, des instantanés des années lycée me viennent à l’esprit. 

 

 

En effet, je me revois parcourant le jardin botanique en train d’apprendre mes leçons Me revient l’image du proviseur Gnaléga Mémé Jérémie. Cet intellectuel de grande extraction et de haute futaie m’a inculqué, en tant que lycéen, le goût de l’effort et du travail bien fait. Me reviennent également les souvenirs des joutes de Maracana les jeudis après-midi au stade municipal de Bingerville, de l’épouvante des cours de mathématiques de MM. Dogbré Gabriel, Gouéti et de mes autres enseignants de cette discipline que je détestais suprêmement. Me reviennent les notes de cette chanson de l’artiste camerounais Eko Roosevelt, crachées par un transistor nasillard tôt le matin, alors que les élèves que nous étions n’avions pas encore quitté les lits de nos dortoirs.

 

Je suis brutalement tiré de mes rêveries par une voix : « Nous sommes arrivés ». Nous mettons pied à terre à Akouai Santé. Le commencement d’une autre rêverie. Mais celle-là est bien vivante. Elle s’étale sous les yeux des personnes (gouverneur, vice-gouverneurs, directeurs, chefs de service, syndicalistes, agents, forces de l’ordre, etc.) qui effectuent la visite. Il s’agit de l’asphalte. Les quelques minutes passées dans cette première escale me permettent de mesurer, à sa juste valeur, l’immense travail abattu par Mambé et son équipe. La suite sera éloquente.

 

Nous mettons le cap sur Akandjé, une localité rendue célèbre, sous le Conseil national de salut public (CNSP) du général Robert Guéi, par le camp d’entrainement des commandos de feu Boka Yapi Laurent. La magnificence du bitume est saisissante. Un journaliste, dans notre car, émerveillé, affirme : « On dirait que nous sommes en Europe ».  Nous arrivons à Adjin, petit village de 300 âmes, selon le truculent speaker en langue nationale Bokra Djoman, un personnage haut en couleurs dont la science de l’univers atchan n’est pas contestable. Il fait, pour nous journalistes, des cours d’histoire sur les Tchamans. « Bokra, il faut écrire un livre », je lui lance, tant ce qu’il nous apprend est édifiant. 

 

Au cours de cette courte escale, une résidente, Mme DO née Koyo Koko Marthe, dit au micro de l’équipe de reportage du district d’Abidjan toute son émotion : « Le bitume a été achevé ici l’année passée, dans le mois d’octobre. En tout cas, ça nous a fait du bien. L’accès au village est désormais facile, parce qu’avant, on avait du mal à sortir du village, surtout lors des saisons pluvieuses. Nous étions obligés de marcher pour nous rendre à Bingerville. C’était vraiment compliqué et les gens ne venaient pas au village comme ça. Maintenant l’accès est facile, les gens visitent le village et surtout les boss qui viennent les week-ends, les hommes d’affaires viennent également acheter des terrains pour créer des activités ici. »

 

Après Adjin, le cortège des véhicules fait le chemin inverse, ce qui nous permet de récupérer les deux confrères qui n’avaient pas pu embarquer à la sortie d’Akouai Santé. Nous arrivons à Adjamé Bingerville, puis allons à Mbatto Bouaké. Vient l’étape de Bregbo, un village hautement spirituel dont les Ivoiriens ont entendu parler. C’est le village du prophète Albert Atcho, né en 1903 et décédé en 1990. Je pénètre, à l’instar d’autres personnes, dans le mausolée qui abrite son souvenir pour m’y incliner. 

 

Le ministre Mambé met à profit cette étape pour rappeler la dimension de l’illustre disparu vers qui beaucoup, dira-t-il, venaient des contrées lointaines, même d’Europe, pour apprendre et également se faire soigner, car il avait le don de la guérison. Il met aussi l’accent sur la nouvelle problématique créée par les voies bitumées : les cultures de rente vont céder le pas à la création de nombreux commerces, des logements, etc. Bref, c’est une nouvelle dynamique économique que ces voies bitumées vont introduire dans le quotidien des villages. Aux populations, Mambé demande la cohésion, l’entente la fraternité.

 

Peu après, le cortège reprend la route pour aboutir à Akouai Agban, village de l’archevêque métropolitain Paul-Siméon Ahouanan Djro. La même majesté de l’asphalte s’étale sous tous les regards. Pas une seule crevasse, fait remarquer quelqu’un. « Ces routes sont des joyaux qu’il faudra préserver de la dégradation », lance un autre. Une collation est offerte par les autorités coutumières. Après quoi, tout le monde reprend la route pour Anan dernière étape du périple. 

 

Le gouverneur Mambé, lors de cette escale, épilogue d’une longue mais enrichissante journée, dévoilera à la presse que ce qu’elle a vu entre dans la politique de désenclavement des villages rattachés au district autonome d’Abidjan. Cette politique, outre le bitumage de 110 km de voies, prend également en compte l’adduction d’eau, et l’électrification, le tout pour une enveloppe globale de 53 milliards de FCFA.

 

Puis c’est le retour à Abidjan après un repas offert à tous les visiteurs d’une journée. Et le net sentiment que les choses bougent dans la bonne direction, avec comme artisan principal, le gouverneur Mambé, dans le rôle « d’ouvrier du bonheur des villages du district d’Abidjan », selon le fin mot d’un journaliste émerveillé par le travail abattu.

 

Souleymane T. SENN

 



16. Fev, 2018